Au travers de ma pratique, j’explore la matérialité de l’image photographique. Ma technique implique une isolation profonde d’un élément du photographique pour en explorer son potentiel de manière intuitive. En tant qu’artiste se penchant sur le processus, j’aime mettre en relation mon travail à un contexte de théories qui teste les limites de la vérité photographique. J’adresse dans mon travail la théorie de la couleur, la médiation des images entres les technologies et la traduction du médium photographique en d’autres formes. Ainsi, j’espère susciter un lien avec la vision en articulant une expérience visuelle avec une exploration de l'échelle, de la lumière et de la couleur. En résulte des images qui transcendent les possibilités du réalisme propre au médium et qui en accélère ses allitérations.
Les possibilités infinies de ce processus soulèvent un questionnement vis-à-vis du contenu des images. Celles-ci sont créées afin de laisser s’exprimer au maximum les capacités de l’élément photographique isolé. Ainsi, le processus informe le contenu et celui-ci le nourrit en retour en une réverbération continue. Je créé de manière intuitive formes et textures appropriés, soit en prenant compte de l’algorithme matriciel de l’écran dans Translation, soit par des gestes performatifs alliant chimie, température et temps dans Chemigrams ou en utilisant les outils numériques pour l’obtention de couleurs de hautes précision dans mon travail de recherche en cours sur l’estampe numérique.
Mon travail s’inspire de la précision de Jessica Eaton par sa répétition argentique infatigable, de l’exploration de la matière de Mariah Robertson par son focus authentique sur le médium, des références justes et judicieuses au photographique de Patryk Stasieczek et de l’expérience pure, intense et minimaliste face (ou à l’intérieur du) travail de James Turell.